samedi 4 mars 2017

4 - Motivations de l'auteur

Pourquoi réaliser une telle étude?

Le présent article a pour but de présenter les motivations qui m’ont amené à travailler sur ce projet intitulé « Immigration de masse au Québec : Effet sur le poids démographique des Canadiens-français du Québec, ainsi que sur le vieillissement de la population ».

La question de recherche?

En général, tout travail de recherche commence avec un questionnement. Dans le cas présent, la question était de savoir quel était le poids démographique des Canadiens-français au Québec. En effet, dans notre société, il existe une grande quantité d’études statistiques concernant la linguistique. Étonnamment, quand nous nous interrogeons sur le poids démographique de notre ethnie, nous nous trouvons devant un néant au niveau des données et des études disponibles. En effet, les statistiques ethniques des dernières années en provenance des recensements n’ont aucune valeur scientifique, puisque l’on peut se définir comme Québécois, Français, Canadien ou Canadien-français, alors qu’un Québécois qui n’est pas un Canadien-français ou un descendant d’immigrants peut aussi se définir comme Canadien, Québécois ou Français. De plus, les individus peuvent s’identifier à plus d’une catégorie.

*Dans les travaux présentés, pour des raisons de rigueur et de neutralité, il sera question de l’ethnie canadienne-française qui remplacera le terme populaire « Québécois de souche ».

De plus, cette question en soulève d’autres. Est-il vrai que nous vivons dans un pays issu de l’immigration, dont les vagues successives d’immigration combinées au métissage auraient fait disparaître ce que nous appelons la nation historique? Est-ce que le Canadien-français ne serait qu’un mythe ? Et s’il existe, quel est son poids démographique? Est-il minoritaire ou majoritaire au Québec? Quel a été au cours des années l’impact de l’immigration sur le poids des Canadiens-français et quel sera l’impact pour les années à venir ? Si l’immigration a pour effet de diminuer le poids démographique de ceux-ci, est-ce que l’immigration réduit de façon importante le vieillissement de la population ?  

Cet ensemble de questions trouve son fil conducteur dans cette étude. Nous serons en mesure de répondre à ces questions en nous concentrant sur « l’effet de l’immigration sur le poids démographique des Canadiens-français du Québec, ainsi que sur le vieillissement de la population ».


Quelle est l’importance de cette question ?

Répondre à cette question de recherche est important pour plusieurs sujets de natures politique, linguistique, sociologique et démographique. Si nous pouvions prédire les tendances futures du poids démographique de notre ethnie, nous pourrions peut-être appréhender l’évolution des différents enjeux de notre époque.

Sur le plan politique, si l’on regarde la question de la souveraineté, nous savons que les principaux défenseurs de cette option sont les Canadiens-français. Qu’adviendra-t-il alors de cet enjeu si cette ethnie se trouve en déclin démographique? De plus, sur le plan de l’électorat, nous savons que le Parti Québécois et le Parti Libéral du Québec disposent d’un capital politique qui s'inverse par rapport à ceux-ci. L’évolution des différents partis risque d’être influencée par le phénomène à l’étude. Il est également possible que l’intérêt des différents partis politiques pour ce groupe ethnique diminue proportionnellement avec la baisse de cet électorat.

Sur le plan linguistique, nous pouvons prétendre que cette ethnie est probablement la plus grande défenderesse de la langue française pour plusieurs raisons que je ne prendrai pas la peine d’énumérer. Nous pouvons supposer qu’un recul de celle-ci engendra un intérêt amoindri pour tout ce qui touche la question linguistique et la préservation de la langue française au Québec. En effet, dans un Québec où les Canadiens-français sont devenus minoritaires, quel serait l’intérêt de la majorité à conserver le français ? Ne serait-il pas plus pratique ou utile de faire la transition vers l’anglais dans un monde globalisé où les échanges se font dans cette langue?

Sur le plan identitaire et sociologique, si le taux d’immigration est élevé et que les nouveaux arrivants se concentrent géographiquement, nous pouvons nous demander si nous serons en mesure d’intégrer convenablement ceux-ci. Si notre groupe ethnique recule de façon trop importante, il est à prévoir qu’éventuellement, les immigrants de première génération seront majoritairement intégrés par des immigrants de deuxième et troisième générations. Dans un scénario idéal, nous voudrions que les valeurs québécoises soient transmises par les immigrants de deuxième et troisième générations dans l’éventualité où nous deviendrions une ethnie minoritaire. Si nous échouons à intégrer efficacement chaque génération d’immigrants, nous risquons d’aboutir dans un scénario où les valeurs québécoises ne sont plus transmises Cette éventualité pourrait aboutir à l’apparition du phénomène de communautarisme, ce qui risque de nous porter à une fracture identitaire de la société québécoise avec d’un côté les Canadiens-français et de l’autre des communautés ethniques où chacun prône des valeurs différentes.
Ce questionnement s'impose également face à notre rapport à l'histoire et notre patrimoine religieux, c’est-à-dire comment le premier sera-t-il enseigné et comment le deuxième sera-t-il conservé ? Une société qui change drastiquement et radicalement sa composition ethnique risque de voir des changements profonds dans sa manière de s'exprimer face au monde et face à soi.

En résumé

Pour les motifs énumérés précédemment, il est important pour des raisons politique, linguistique, sociologique et identitaire de connaître l’effet de l’immigration sur le poids démographique des Canadiens-français du Québec et son évolution future. L’objet de cette étude est de répondre à cette question et de provoquer les réflexions qui s'imposent ou du moins les permettre d’une manière plus éclairée.

J'ai tenté de faire publier sans succès l'étude via des chaires de recherche démographique et ethnique et je me suis buté à des refus qui m'ont semblé plus politiques que scientifiques (voir ici). Je cherche donc à rendre mes recherches publiques pour permettre aux intéressés de commenter, participer ou critiquer ma démarche scientifique.


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